Retrouvez ci-dessous le communiqué de presse de maître Régley, votre avocat en accident de la route, à l'occasion de la journée mondiale du souvenir des victimes de la route.
Journée mondiale du souvenir des victimes de la route : le début d’une révolution pour une meilleure considération des familles ?
En France, la route cause plus de décès annuels que les meurtres ou les attentats (3219 décès en 2021).
Si l’Etat tente de réduire le nombre d’accidents, il abandonne cependant les familles endeuillées à leur triste sort.
Le 20 novembre, la journée mondiale du souvenir des victimes d’accidents de la route, créée par l’UNESCO, doit être l’occasion d’appeler nos gouvernants à une révolution indispensable.
Le 20 novembre, alors que le monde aura les yeux tournés vers le Qatar, il sera important de ne pas oublier la journée mondiale du souvenir des victimes de la route.
Ne pas se souvenir, c’est insulter leur mémoire. Ne pas se souvenir, c’est mépriser leurs larmes. Ne pas se souvenir, c’est tourner le dos à notre humanité.
Notre société place la vie humaine au-dessus de tout. Pourtant, la réponse donnée aux familles est indigne alors que les accidents de la route sont la première cause de mortalité mondiale des moins de 29 ans.
Les colères médiatiques, nées notamment de l’affaire du chef Alléno, ont permis d’entendre la déception de familles de victimes trop souvent livrées au silence.
On s’émeut. On s’offusque. On compatit. Mais il n’existe toujours pas de réelle considération pour le sort de ces personnes meurtries.
L’État, qui n’a pas réussi à protéger ces familles, doit venir à leur secours. Il est temps de placer le sort des victimes de la route au cœur des préoccupations politiques.
Par un accompagnement humain et psychologique. Des cellules psychologiques doivent être mises en place par l’Etat. Dès la survenance du drame, et autant de temps que nécessaire, la République doit offrir ce soutien aux familles livrées à elles-mêmes et dévastées par l’horreur.
Par un accompagnement juridique plus rapide. Les délais de notre Justice sont trop longs. Il est intolérable d’attendre plusieurs années avant qu’un procès se tienne. Ce dernier est une étape importante et nécessaire dans le processus de deuil.
Par une réforme de l’indemnisation. Si aucune somme d’argent n’apaise la souffrance des familles, force est de constater que l’affligeante faiblesse des barèmes nationaux est vécue comme une marque de mépris. Le Législateur doit affirmer que les juges auront toute liberté pour fixer ces indemnisations, sans qu’aucun plafond ne puisse être opposé.
Par une réforme de la Loi Badinter sur les accidents de la route. Près de 40 ans après sa remarquable adoption, ce texte a été détourné au profit des assurances qui s’en revendiquent pour opposer aux familles des fautes commises par les victimes. L’Etat ne doit plus permettre aux assureurs de transformer les victimes en coupables. Il est intolérable qu’une famille soit victime une seconde fois.
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Depuis plusieurs années, des réformes ont été proposées. Aucune n’a été adoptée.
Le lobby des assurances serait-il plus puissant que la République ? Pourquoi l’Etat préfère–t–il adopter des textes toujours plus répressifs au lieu d’accompagner les victimes ? Pour se déculpabiliser ?
Récemment encore, nous avons proposé à MM.Darmanin et Dupond-Moretti plusieurs pistes restées sans la moindre réponse (cf en pièce jointe lettre ouverte). Nous avons également soumis un important travail au Sénat qui pourrait déboucher sur une réforme.
Certes, depuis 30 ans, les chiffres de la mortalité ont baissé. Chacun s’en réjouit. Quelles que soient les causes de ce résultat. Mais au lieu de s’auto-féliciter des drames évités, l’Etat doit améliorer le sort de ceux que l’horreur n’a pas épargnés.
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Cette journée doit donc être l’occasion de sensibiliser le pouvoir politique. Au revoir la politique de l’affichage. Bonjour la politique de la considération.
Nous attendons de la République qu’elle accompagne efficacement ces familles qui, dans leur très grande majorité, réclament plus de considération que de répression.
Le travail exceptionnel des associations de victimes, des professionnels de médecine, de rééducation et de Justice ne peut pas tout. C’est à l’État de prendre ses responsabilités.
La société toute entière réclame une réaction étatique. Citoyens, médias, élites culturelles…
Le 20 novembre 2022, la mort de travailleurs ayant œuvré pour la coupe du monde de football fera l’objet de dénonciations légitimes. Cependant, elles ne devront pas éclipser la journée mondiale du souvenir des victimes de la route.